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ELECTRO

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            L’Electro est une notion très énigmatique, tant par les caractéristiques qui la définissent que par l’identité visuelle et artistique qu’elle véhicule. Avant de devenir un mot-valise dans lequel on range à peu près tout et n’importe quoi, l’Electro est bel et bien un style de musique à part entière, né il y a plus de quarante ans et toujours existant aujourd’hui. Il trouve ses origines dans la musique électronique des années 70 et plus particulièrement dans les productions expérimentales et révolutionnaires du groupe Kraftwerk. Le quatuor allemand, mi-homme mi-robot, est en effet le représentant le plus emblématique de cette avant-garde qui conçoit la production musicale à partir de machines. Le morceau Tour de France, sorti en 1983, illustre cette fascination pour les nouvelles sonorités.

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            La fin du Disco au début des années 80 pousse les producteurs et labels à se renouveler et à proposer une nouvelle musique. Certains d’entre eux se tournent vers les séquenceurs, synthétiseurs et autres talk boxes, donnant un caractère plus électronique à leurs morceaux funky. C’est le cas d’artistes comme D.Train, Electra ou Electrik Funk, poussés par le label légendaire mais en fin de vie Prelude Records. En parallèle, l’arrivée de la boîte à rythmes TR-808 développée par Roland annonce une révolution dans la manière de produire de la musique. Conçue pour un usage professionnel mais très vite appréciée pour sa grande qualité et sa facilité d’utilisation, elle est utilisée pour la première fois par le groupe Yellow Magic Orchestra. Un de ses membres, Ryuichi Sakamoto, publie en 1980 le morceau Riot In Lagos, considéré comme un des tout premiers morceaux d’Electro.

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Influencé par Sakamoto, le pionnier du Hip-Hop Afrika Bambataa décide d’associer des vocaux de rap à des samples des morceaux Trans-Europe Express et Numbers de Kraftwerk pour créer Planet Rock, un de ses morceaux phares. Le mariage entre musique électronique et Hip-Hop crée l’Electro (d’abord appelé Electro-Funk), qui se caractérise par une rythmique Breakbeat et des sonorités très électroniques, notamment via l’utilisation de synthétiseurs et d’un vocoder. Cette musique est rapidement vue comme une musique robotique voire futuriste. Certains diront au sujet de Planet Rock, « that it sounds like a UFO landing in the ghetto ». La frénésie collective autour de ce style va même jusqu’à toucher Herbie Hancock, qui s’essaie au genre dans son morceau Rockit.

Durant les années 90, l’Electro tombe en désuétude dans les milieux Hip-Hop et prend ses distances du Funk. Certains artistes pionniers de la Techno de Detroit s’en emparent et le ré-adaptent à leur manière. C’est le cas du mystérieux duo Drexciya, qui produit une musique conservant les codes de l’Electro, mais plus froide et plus underground. Entre leurs mains, l’Electro prend une dimension mystique et politique. Le duo développe un univers qui leur est propre, se référant à un monde aquatique habité par les drexciyans, créatures sous-marines semblables à celles qui devaient habiter l’Atlantide (cf image introductive de l’article). Ils s’imposent comme chef de file d’un courant qui sera suivi par de nombreux artistes, comme Newcleus, Warp 9, Cybotron ou encore Joey Beltram (sous son alias Code 6). A cette même époque, Aphex Twin et le label Warp Records participent aussi à ce foisonnement.

De nos jours, l’Electro n’occupe plus une place prépondérante et peine à exister au milieu d’une quantité innombrable de styles divers et variés qui font la Dance music. Néanmoins, certains DJs continuent de le faire perdurer dans leurs DJ sets, comme le natif de Detroit DJ Stingray, Helena Hauff ou encore Identified Patient. Niveau production, on peut citer des artistes comme Pépe, Dusky ou J-ZBEL. Au Royaume-Uni, de nombreuses productions Electro sont davantage destinées à une écoute récréative, laissant plus de place à des synthés très planants.

À écouter aussi :

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Drexciya - Unknown Journey IV [Clone Classic Cuts, 2013]

Pollon - Lonely Planet [Scopex, 2000]

Thursday Club - Westway [Kram Records and Productions, 1995]

Morphology - Dementia [Stilleben Records, 2016]

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Et pour des productions plus récentes qui utilisent toujours ces mêmes codes :

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Dusky - Static [Running Back, 2019]

Djrum - Showreel, Pt. 2 [R&S Records, 2017]

Janeret - Taiyōfū [Yoyaku Records, 2019]

Project Pablo - Scroll Up [Verdicchio Music Publishing, 2019]

Derek Carr - Scroll Up [Into The Deep Records, 2017]

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