
Chicago house

La House telle qu’on la connait trouve ses origines dans les clubs de Chicago au début des années 80. À cette époque, l’ère de la Disco touche à sa fin, poussée vers la sortie par de nouveaux courants qui s’installent et prennent de plus en plus de place. C’est le cas du Hip-Hop, de la New Wave et de la Synth-Pop venues tout droit du Royaume-Uni ou encore de l’Italo-Disco. La vie nocturne à Chicago est très développée, mais deux clubs se démarquent grâce à l’inventivité et l’audace de leur DJ résident respectif. Frankie Knuckles au Warehouse et Ron Hardy au Music Box se mettent progressivement à jouer des morceaux disco remixés à leur manière, créant une musique plus électronique et répétitive.
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Le mot ne tarde pas à circuler au sein des communautés homosexuelles, afro-américaines et latino qu’un nouveau son est joué au Warehouse. Baptisée ‘House Music’ en référence à l’antre de Knuckles, elle se développe très vite grace aux labels indépendants locaux. Les premiers morceaux de house apparaissent, comme le célèbre ‘Move Your Body’ de Marshall Jefferson sorti en 1986 sur Trax Records et modestement appelé ‘The House Music Anthem’. Plus tard on adoubera les héros locaux, Jefferson étant baptisé ‘the father of house music’ et Knuckles ‘the godfather’. Ron Hardy, en prise avec une terrible addiction à l’héroïne, tombera dans l’oubli et s’éteindra à 33 ans en 1992. Mais qu’importe, dorénavant la House poursuit son chemin et ne cesse de se développer.
L’année 1986 marque également l’arrivée de la House outre-Atlantique, avec la percée du fameux single 'Love Can’t Turn Around', produit par Farley ‘Jackmaster’ Funk et qui connaît un certain succès dans les clubs britanniques, notamment à Manchester. La production grossit à vue d’oeil, portée par les deux principaux labels de Chicago, Trax Records (Farley ‘Jackmaster’ Funk, Ron Hardy, Marshall Jefferson, Mr. Fingers) et DJ International Records (Joe Smooth, Kenny Jason), puis elle s’élargit géographiquement tandis que la musique populaire se l’approprie. Des artistes comme Madonna, C+C Music Factory, Kylie Minogue ou Björk s’inspirent de la House et en adoptent les codes. D’autres styles et sous-genres apparaissent, comme la Deep House ou la Garage House qui feront l’objet d’autres articles.
Techniquement, la House se caractérise par une ligne rythmique 4/4 (‘four on the floor’), avec un kick agrémenté d’un clap et accompagné d’un charleston à contre-temps. Le tout est porté en permanence par une ligne de basse très visible et couronné par une mélodie jouée au synthétiseur ou au piano. Des vocaux peuvent être ajoutés, sans qu’il y ait de paroles précises. Bien qu’on puisse trouver une multitude de morceaux reprenant ces éléments, un exemple très caractéristique serait le morceau Spirits d’Ursula D. sorti en 1992 sur Apexton Records. On entend très clairement la ligne de basse bien ronde sous un kick très net qui alterne avec la charleston. Les vocaux sont inintelligibles mais bien présents, apportant du rythme et contribuant à une ambiance bien groovy.
À écouter aussi :
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Frankie Knuckles - The Whistle Song [Virgin, 1991]
Gate-Ah - The Shelter (Vocal Mix) [Shelter Records, 1992]
Kerri Chandler - Up And Away [Madhouse Records, 1998]
Inner Sense - 4 Aaron & Terry [KV Records, 2014]
To-ka Project - Café Style [Silver Network, 2000]
Onirico - Stolen Moments [UMM, 1991]
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Et pour des productions plus récentes qui utilisent toujours ces mêmes codes :
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Secret Value Orchestra - Femme [D.KO Records, 2019]
COEO - Back In The Days [Toy Tonics, 2016]
Housemates - Soul Value (Jersey Groove) [NAFF, 2018]
Session Victim - Shadows [Delusions of Grandeur, 2017]
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